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Sexe anal : est-ce que l’anus est une zone autant érogène chez la femme que chez l’homme?

Oreilles prudes s’abstenir; ce soir, je vous parle en détails de sexe anal. Parce que oui, ça se discute de plus en plus. D’ailleurs, effectuez une petite recherche rapide sur le web avec les mots « sexe anal » pour le plaisir. Vous trouverez des tas d’informations et d’articles variés sur les 1001 plaisirs promis en explorant cette région encore taboue. Des exemples? Juste lundi dernier, Cosmopolitan proposait un guide complet sur l’utilisation des plogues anales (communément appelées butt plug). Du côté de chez Neon Mag, on est même plus aventureux. On propose, aux amateurices d’explorations de la porte arrière, la position de « l’auto-tamponneuse ». En trois versions s’il-vous-plaît : classique, à l’envers et survoltée. Rien de moins. Est-ce cela qui a inspiré notre auditeur? Qui sait. Toujours est-il qu’il veut savoir si l’anus est aussi une zone érogène chez les femmes. Je vais de ce pas lui répondre. 

« J’aimerais savoir pourquoi les personnes avec des organes génitaux dits « féminins » peuvent avoir du plaisir anal (ici, inclure tous les plaisirs et non que la pénétration. Sortons du cadre hétéronormatif de la sexualité!). Je comprends bien le lien pour les personnes qui ont une prostate, mais pour les autres, il me semble bien que le clitoris est le seul organe exclusivement dédié au plaisir… Aussi: pourquoi les plaisirs anaux sont-ils encore considérés comme des kinks (alors que physiquement si près des organes génitaux)? »

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*Les mots femmes et hommes sont ici utilisés pour parler de femmes et d’hommes cisgenres. Les informations scientifiques sont, malheureusement, majoritairement basées sur ces personnes. 

Une zone érogène à part entière 

La réponse courte, c’est oui. L’anus, chez les femmes, est une zone érogène. Cette partie du corps est constituée de nombreuses terminaisons nerveuses. Ainsi, il comprend « un réseau dense de nerfs sensoriels qui participent, avec les organes génitaux, à l’engorgement, à la tension musculaire et aux contractions de l’excitation sexuelle et de l’orgasme. » Cela rend cet endroit très sensible au toucher, toucher qui, pour de nombreuses personnes, est fort agréable. 

Du côté des hommes cisgenres, la stimulation anale – avec pénétration – peut faire accéder à la prostate. Elle est aussi connue sous l’appellation point P, équivalent du point G. Les orgasmes prostatiques sont d’ailleurs reconnus pour leur grande intensité. 

Chez les femmes cisgenres, deux possibilités se présentent : le point G, une zone dont l’existence est souvent questionnée, peut être stimulé via la pénétration anale*. Pareil pour le point A (pour anterior fornix erogenous ou zone érogène du fornix antérieur). Dans les deux cas, la proximité avec l’anus peut faire en sorte que, lors d’une pénétration anale, ces zones sont stimulées. 

*Une étude de 2017 réalisée sur 13 cadavres féminins a conclu qu’il n’est pas possible de considérer le point G comme une structure à part entière. 

Pas juste de la pénétration

Comme le souligne notre auditeur et tel que je l’ai souvent répété ici; on peut sortir de l’injonction à la pénétration. Même quand on parle de sexe anal. Et c’est justement ce que démontre une étude réalisée en 2022 et publiée dans la revue scientifique PLOS ONE. Plus de 3000 femmes de 18 à 93 ans ont été sondées sur la diversité des plaisirs explorés avec la zone anale. L’étude a permis de définir trois types de toucher apprécié : anal surfacing, anal shallowing et anal pairing. On pourrait traduire cela par : le toucher anal en surface, légèrement approfondi et jumelé. Voici la différence entre chacun : 

  • Anal surfacing : toucher sur et autour de l’anus avec un doigt, un pénis et/ou un jouet sexuel;
  • Anal shallowing : légère pénétration d’un pénis, d’un doigt et/ou d’un jouet sexuel, mais à l’entrée de l’anus seulement. Pas plus loin que l’articulation du doigt; 
  • Anal pairing : toucher externe ou interne de l’anus, simultanément avec une stimulation vaginale ou du clitoris. 

Des raisons pratico-pratiques

En plus du plaisir, il y a des raisons plutôt terre à terre qui incitent les femmes à pratiquer le sexe anal. Par exemple, c’est une façon d’avoir de la sexualité tout en évitant une grossesse non désirée. Certaines vont préférer cette pratique lorsqu’elles ont leurs menstruations. Plusieurs considèrent qu’il s’agit aussi d’une pratique plus intime pour connecter à l’autre, tandis que d’autres veulent simplement faire plaisir à leur partenaire masculin. La curiosité joue aussi pour beaucoup dans le choix d’explorer le plaisir anal. Il ne faut pas oublier non plus que plusieurs femmes sont forcées par leur partenaire à faire du sexe anal. Et ce, même si elles ont des réticences. 

Une pratique en émergence

La pratique se popularise, ce qui a d’ailleurs amené certains professionnels à lever un drapeau rouge. Certains médecins et spécialistes avisent la population des risques possibles qui lui sont associés. En effet, une étude parue en 2022 dans le BMJ (British Medecine Journal), reprise dans plusieurs quotidiens internationaux, fait état d’une importante montée de l’intérêt envers le sexe anal. Cela se voit chez les jeunes femmes anglaises de 16 à 24 ans, passant d’une pratique qui touche 12.5% femmes à près de 29% en quelques décennies. L’étude indique que les États-Unis connaissent le même scénario. 

Les médecins derrière cette recherche constatent une augmentation importante d’incontinence fécale et des blessures au sphincter. On évoque aussi de la douleur dans la région anale, des saignements ainsi que des fissures. Le sexe anal comporte des risques, bien sûr. Tout comme n’importe quelle pratique sexuelle, si elle n’est pas faite dans des conditions optimales. Ou, du moins, avec l’attention et les précautions requises. Par exemple, et comme l’explique le site médical WebMD, l’anus n’a pas de lubrifiant naturel. Sa peau est aussi plus mince et fragile que le vagin. Il y a donc des risques de déchirures et, conséquemment, une augmentation du risque de contracter des ITSS.

Aussi, comme il s’agit d’un endroit où sont retenues les selles, il y a de nombreuses bactéries. Cela peut faciliter la création d’infections : chez le.la partenaire ou soi-même (ex.: infection urinaire), si la pénétration passe d’anal à vaginal). Au final, l’étude fait un constat qui sonne maintenant comme un disque rayé : il manque d’éducation à la sexualité! L’idée est d’offrir des informations adéquates et transparentes aux jeunes. Ielles peuvent alors faire des choix plus judicieux et éclairés à propos de leurs pratiques sexuelles. 

Populaire, mais encore taboue 

Plusieurs études et médias qui se penchent sur la question dénotent que de nombreuses personnes qui ont du sexe anal vont considérer cela plus excitant, car cela entre dans la catégorie des pratiques plus kinky. Comme l’écrit notre auditeur, le plaisir anal est un sujet encore tabou. Certaines personnes vont même considérer cela sale et dégoûtant. C’est que l’anus est plus volontiers associé à l’expulsion des excréments et moins à une zone érogène. Cela dit, le sujet se démocratise et est de plus en plus abordé frontalement dans les médias grand public. 

Il ne faut pas oublier que l’exploration du sexe anal, ça se prépare. S’il y autant de problématiques qui sont vécues chez plusieurs jeunes femmes, il faut questionner les circonstances dans lesquelles se passent ces pratiques. Par exemple, est-ce fait dans la violence et la coercition? Si c’est le cas, il y a de fortes chances qu’on ait pas pris la peine de mettre suffisamment de lubrifiant. Ou d’en utiliser point! La détente ne sera pas plus au rendez-vous, élément important pour relâcher le corps et, particulièrement, les muscles.

De façon générale, le plaisir anal se prépare. Ne serait-ce que pour se sentir propre et confortable lorsqu’une personne se met le sexe, les doigts, le visage et la langue à cet endroit. Enfin, rappelons qu’il peut être agréable autant chez les hommes que chez les femmes. Mais rien ni personne n’a à vous forcer à faire du sexe anal si vous n’en avez pas envie. Même si c’est de plus en plus discuté et essayé, cela demeure une pratique intime et personnelle. Qui peut vous convenir… ou pas. 

Photo de une : Tim Gouw

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