attirance sexuelle

Peut-on surmonter un manque d’attirance sexuelle chez un.e partenaire ?

Un auditeur nous envoie la question suivante : 

« Dans le cas où l’on éprouve un sentiment amoureux sans un attrait sexuel fort envers l’autre, est-ce une bonne idée de s’engager ? Y’a-t-il moyen de développer cet attrait? Il y a parfois des éléments chez l’autre qui agissent comme des éteignoirs du désir ou, à tout le moins, des freins, selon les perceptions de chacun.e: calvitie, trop petit.e, trop grand.e, haleine de cigarette, bedaine de bière, voix nasillarde, etc. On dirait qu’on ne peut rien contre ça. Dans mon cas, je n’ai jamais senti d’attirance pour une personne en surpoids. Naturellement, ce genre de frein est difficile à avouer à notre partenaire et on n’a pas envie de briser la belle harmonie qui se développe, par ailleurs. Que faire? »

C’est une question délicate, car on sait à quel point la façon d’appréhender les relations amoureuses et sexuelles passe par l’apparence. Pensez aux nombreuses applications de rencontre qui se basent sur un principe simple : la sélection ou l’exclusion en fonction des photos de profil. Alors peut-on ou, si ce n’est pas présent, devrait-on surpasser le manque d’attirance physique ? Je vais tenter de répondre à la question. 

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ATTIRANCE PHYSIQUE OU ATTIRANCE SEXUELLE ? 

D’abord, on doit différencier ces deux types d’attirance. 

Attirance physique : c’est le fait d’être attiré par l’allure, l’aspect physique d’une personne. On parle aussi d’attirance esthétique. Parfois, on peut ressentir un attrait fort vers une personne que l’on trouve belle, attrayante, intrigante et dont le physique nous fait réagir, sans toutefois avoir un attrait sexuel envers cette dernière. 

Attirance sexuelle : c’est un désir de rapprochements physiques qui peut se traduire par une excitation sexuelle, une envie de proximité, d’intimité et de sexualité avec l’autre. 

L’ATTIRANCE SEXUELLE, UNE EXPÉRIENCE MULTIMODALE 

J’en ai déjà discuté dans une précédente chronique : l’attirance sexuelle est composée d’une multitude d’éléments qui font en sorte qu’on ressent un attrait sexuel pour une personne. Elle est aussi visuelle qu’olfactive, à la fois auditive et tactile, mais aussi influencée par l’énergie et le charisme. Sans oublier les émotions et sentiments qui peuvent y contribuer. Ce n’est donc pas un aller simple sur un chemin tout tracé, mais plutôt une multitude de sentiers à emprunter pour arriver à destination. 

De plus, l’attirance sexuelle n’est pas entièrement biologique ni automatique. Contrairement à l’idée qu’on s’en fait peut-être, entre autres à cause de la culture populaire, ce n’est pas toujours comme un coup de foudre, une sensation électrique et, dans certains cas, presque animale. Bien sûr, ça peut arriver! Mais on nous la montre souvent – dans les films et séries télévisées – comme un élan très spontané et physique qui s’embrase vite, presque dans l’urgence. La plupart des gens n’ont pas nécessairement cette connexion fulgurante et vont plutôt apprivoiser leur partenaire au fur et à mesure. 

ENTRE ATTENTES SOCIALES, CULTURELLES ET HISTOIRES PERSONNELLES 

L’attirance sexuelle est aussi influencée par les normes sociales et culturelles de l’environnement dans lequel on vit. Par exemple, on sait que notre société québécoise est grossophobe. C’est-à-dire qu’on discrimine les personnes qui ont des corps gros ou qui sont en surpoids. Selon une étude conjointe de l’Association pour la santé publique du Québec (APSQ) et du Collectif Vital, environ un quart de la population québécoise a déjà été victime de discrimination en raison de son poids, que ce soit dans des relations personnelles, dans des magasins, au travail, lors de la recherche de logement ou dans le système de santé. Notre auditeur indique d’ailleurs lui-même qu’il ne ressent pas d’attirance pour ce type de corps. On peut donc se demander: est-ce une question de préférence ou un conditionnement à ne pas sexualiser et trouver désirables les corps gros ? 

Il y a également toute notre histoire personnelle qui entre en ligne de compte. L’éducation, le type d’environnement dans lequel on vit ainsi que les expériences, bonnes ou mauvaises, vont servir d’indicateurs pour nos désirs. Si l’on vient d’une famille dans laquelle on a entendu toute sa vie des propos grossophobes, racistes, homophobes, etc., il se peut qu’on traîne ce bagage avec soi et que ça crée des biais et des préjugés négatifs à l’égard de certaines personnes qui, autrement, auraient peut-être été perçues comme attirantes.  

ATTIRANCE SEXUELLE ≠ AMOUR 

On doit aussi se rappeler que l’attirance sexuelle et le sentiment amoureux sont deux choses différentes. On nous a bassinés avec des histoires d’amour à l’eau de rose, dans lesquelles l’attirance est si forte que c’est pratiquement intenable. La vraie vie n’est pas nécessairement comme ça. Souvent, des sentiments se développent avec le temps. Cela fait changer de perspective face à la personne qui, de prime abord, ne correspond peut-être pas à nos idéaux physiques et esthétiques. Inversement, on peut aussi avoir une attirance très forte pour une personne qui, à force de la connaître, n’éveille aucun sentiment amoureux. 

Il est intéressant de noter qu’une expression gagne actuellement en popularité dans le paysage du dating : le stICKing. Il s’agit d’un mélange des mots anglais sticking (« coller ») et ick (« beurk, dégoût »). Ce mouvement vise à dépasser les jugements superficiels et rapides (par exemple, une personne est trop petite, trop grosse, pas assez ceci ou cela) et à prendre le temps d’explorer d’autres aspects de la personne qui se tient devant soi. 

DIFFÉRENTS CAS DE FIGURE 

Je vais m’intéresser ici à trois situations précises pour répondre à notre auditeur. 

Situation #1 : attirance incertaine ou absente au départ, mais qui peut s’installer avec le temps 

Comme l’attirance est multimodale et qu’il peut y avoir plusieurs chemins pour s’y rendre, il est possible que les premiers contacts ne se passent pas dans l’attirance réciproque. Bien des gens ont commencé par être dans des relations amicales ou professionnelles, par exemple, pour finalement développer un intérêt envers l’autre au fil du temps et des interactions. 

Que faire ? 

  • Explorer le lien émotionnel, voir ce que la personne nous fait ressentir, apprendre à la connaître et se donner du temps; 
  • Remettre en question les idées préconçues, les attentes et les biais qu’on peut avoir envers certaines personnes ou, encore, certaines apparences et certains physiques; 
  • Travailler à cultiver la complicité, les moments nourrissants et inspirants, la curiosité envers l’autre, mais aussi envers soi pour parfois se laisser surprendre. Bien des gens dans des couples qui fonctionnent bien ne se seraient pas choisis sur papier au départ, mais ont finalement construit quelque chose de solide et qui dure;
  • La gentillesse, les attentions ainsi que les sentiments amoureux changent la perception que l’on a d’une personne. 

Situation #2 : attirance incertaine ou absente au départ, mais qui ne se développe pas 

Il arrive également qu’on s’intéresse à une personne, que ce soit dans un contexte de dating ou de travail, et qu’on essaie de développer quelque chose avec celle-ci. Parce qu’on s’entend bien avec elle, qu’on est curieuse ou curieux de la connaître, parce qu’on a des affinités, etc. Mais, la complicité intellectuelle ou la connivence n’est pas automatiquement indicatrice d’attirance sexuelle. 

Que faire ? 

  • Si tout ce qu’on a nommé dans la situation précédente n’a pas fonctionné, c’est parfois parce que ce n’est pas une possibilité;
  • Il arrive que, même si on ressent une grande tendresse, voire de l’amour pour une personne, l’aspect physique de celle-ci puisse quand même faire en sorte que le courant ne passe pas. Certaines personnes vont aller jusqu’à vivre des rapprochements intimes avec l’autre pour valider et vérifier, tandis que d’autres n’arriveront pas à passer cette étape;
  • Forcer la note ne sert à rien. On peut cultiver une curiosité, explorer, mais toujours en restant dans ses limites; 
  • Dans certains cas, l’attirance sexuelle ne se développe pas et ça fait partie de la vie. Ce n’est la faute de personne; c’est simplement la réalité et, même si ça peut être décevant, voire douloureux, rien n’empêche d’avoir des relations hyper satisfaisantes et riches avec cette personne. On met beaucoup sur un piédestal les relations amoureuses et sexuelles, mais les relations d’amitié sont tout aussi importantes! 

Situation #3 : attirance présente au départ, mais qui s’effrite avec le temps 

De nombreux couples, particulièrement ceux à long terme, vont connaître cette situation. L’effet de nouveauté est passé. Il faut maintenant fournir des efforts pour arriver à s’érotiser et s’exciter en faisant face aux aléas de la vie, à la charge mentale, etc.  Il faut aussi dire que, si l’attirance était présente au départ, elle peut également changer ou se retirer parce que les corps, tout autant que les désirs, se modifient avec le temps. On a pas nécessairement les mêmes besoins à 25 ans qu’à 50… 

Que faire ?

  • Communiquer! Est-ce facile de dire que l’attirance n’y est plus ? Non, en aucun cas. Mais c’est souvent le genre de chose qui se sent ou se devine. Aussi bien nommer ce qui se passe, avec transparence, afin de voir comment on peut agir/réagir et y remédier; 
  • Travailler à se redécouvrir, à revenir à ce qui nous excite chez l’autre ou ce qui pourrait nous exciter à nouveau, réapprivoiser l’intimité ensemble; 
  • Se donner du temps ! 

UNE QUESTION D’AUTHENTICITÉ ET DE RESPECT 

En fin de compte, mieux vaut être authentique sur ce que l’on ressent, dans le but d’éviter des incompréhensions ou de créer de faux espoirs. Il n’est décidément pas recommandé de forcer les choses, car on risque de créer des insatisfactions, voire du ressentiment envers l’autre. Plusieurs signes peuvent nous indiquer qu’on est allé au bout de ce qu’on pouvait faire : 

  • L’absence d’attirance ne se développe pas, malgré les efforts mis en place; 
  • La situation crée un malaise dans la relation; 
  • Une souffrance s’installe au sein de la configuration relationnelle; 
  • Il y a une impression de ne pas être honnête avec soi-même et avec l’autre. 

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