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Contraception: que sait-on des effets secondaires?

Une chronique pour Moteur de recherche dans laquelle je me penche sur les effets secondaires de la contraception.

Je vous offre aussi le chapitre de mon livre qui porte sur la contraception.

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MISE À JOUR: 3 octobre 2019

La contraception: une question toute personnelle

C’est une question qui me touche particulièrement. En effet, j’ai moi-même eu mon lot d’effets secondaires avec différents contraceptifs. Pour faire un résumé rapide, mon premier contact avec la contraception hormonale s’est fait à 14 ans. Le but: réduire des douleurs menstruelles très intenses. C’est ce qu’on donnait d’emblée, sans chercher plus loin une cause possible à ces douleurs. Comme l’endométriose, par exemple, dont je souffre probablement. Pour ma part, la ronde des réactions à cette contraception hormonale a débuté: nausées, vertiges, maux de tête, malaise généralisé.

J’ai réessayé différents types de contraceptifs hormonaux au courant de ma vie. Ce fut majoritairement des comprimés oraux, mais aussi le timbre épidermique. Même scénario: maux de cœur, maux de tête débilitants, ventre enflé, mains enflées et sensation générale de malaise. L’impression que quelque chose agit sur mon corps, mais sans que j’aie le contrôle dessus. Et, qui plus est, me laisse toujours un peu déphasée, comme absente de moi-même. Plus grave encore, ça me donne des idées noires! Alors que ce n’est absolument pas dans mon tempérament ni dans ma personnalité.

Bref, côté effets secondaires, je pourrais en parler longtemps. Pour ma part, les contraceptifs hormonaux ne peuvent en aucun cas faire leur chemin dans mon organisme; ça fout tout en l’air. Au printemps dernier, j’ai pris la mini-pilule, un progestatif seulement. Je me suis mise à faire de l’urticaire et sentir un œdème dans la gorge… J’ai stoppé le tout. Évidemment, on va toujours suggérer de poursuivre la prise du médicament pour un cycle entier (soit 1 mois et des poussières). Dans un monde idéal, c’est plutôt trois mois, pour que les effets secondaires se tassent. Mais trois mois, c’est long longtemps quand on se sent mal…

Mais aussi… universelle

Bien sûr, je vous parle d’une expérience toute personnelle. Mais je ne suis pas la seule qui a vécu des effets secondaires importants. Un petit sondage sur mon Facebook personnel m’a permis de colliger rapidement les témoignages d’une vingtaine de femmes. Perte de cheveux, migraines ophtalmiques, pression constante dans les jambes, prise de poids très importante, dérèglement hormonal et, même embolie pulmonaire. Je n’ai pas cherché loin pour trouver…

En avril 2018, Marianne Désautels-Marissal, journaliste scientifique, racontait dans son histoire dans Urbania et au micro de Catherine Perrin. Elle a retiré elle-même son stérilet de cuivre afin de stopper des crampes insupportables et des saignements très abondants. Ce sont deux effets secondaires fréquemment rencontrés avec ce dispositif intra-utérin. 

Il y a environ un an le Bureau d’enquête du Journal de Montréal a mis en ligne un excellent reportage. Intitulé «La pilule: les effets de trop», il se penche sur les effets secondaires des contraceptifs oraux. Plusieurs jeunes femmes témoignent des problématiques rencontrées, comme l’AVC ou l’embolie pulmonaire. Le 6 juillet dernier, un recours collectif a été autorisé au Québec contre la compagnie pharmaceutique Bayer. Le recours cible les contraceptifs Yaz et Yasmin. Ce qu’on pointe du doigt? Les risques de thrombose artérielle, de thromboembolie veineuse, d’embolie pulmonaire, par exemple. En effet, Santé Canada s’est penché sur les effets de ces contraceptifs. L’organisme a conclu qu’ils « peuvent être associés à un risque de caillots sanguins 1,5 à 3 fois plus élevé que d’autres contraceptifs oraux ». 

Des études parlantes sur la contraception

Il y a aussi cette étude très récente, réalisée au Danemark. Elle s’est penchée sur un gigantesque échantillon d’un million de femmes qui ont utilisé la contraception hormonale. Selon le média The Conversation, qui rapporte la nouvelle, c’est, à ce jour, l’étude la plus vaste sur le sujet. On apprend qu’il y a un lien fort entre contraceptif hormonal et dépression. Particulièrement chez les adolescentes. Cela dit, l’étude danoise a aussi amené des bémols. Plusieurs spécialistes ont suggéré de pousser plus loin les recherches avant de conclure trop rapidement.

Les deux autrices de l’article, chercheures à la University of British Colombia, ont elles-mêmes initié une étude. Cette dernière a non seulement entériné le lien contraception et dépression, mais également prouvé qu’il peut exister une corrélation entre utilisation de contraceptif et dépression à long terme. Concrètement, ça signifie que: «l’usage de contraceptifs oraux durant les années de l’adolescence peut avoir un effet à long terme sur le risque de dépression chez les femmes, plusieurs années même après qu’elles aient cessé de les prendre.»

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Des effets variés selon les personnes

Les deux scientifiques soulignent tout de même que, chez plusieurs femmes, de tels résultats ne sont pas observés et que la pilule demeure un excellent moyen de contraception. En effet, ce n’est pas toutes les personnes qui ressentent des effets secondaires aussi importants et pour de nombreuses personnes, ça se passe très bien. Mais cela n’empêche pas qu’on ne doit pas mettre de côté les témoignages de celles qui vivent des problématiques ou, encore, douter de leur parole.

Par exemple, de nombreuses femmes à travers le monde font, depuis plusieurs années, des pressions sur la compagnie Bayer à propos du stérilet Mirena qu’on accuse de tous les maux. Un peu normal quand on sait que les effets secondaires qui sont rapportés ressemblent à ceci: perte de libido, dépression, crises d’angoisse, pensées suicidaires… Suite à cela, l’Agence Science-Presse a fait le point en expliquant que, non, il ne faut pas craindre le stérilet avec hormones Miréna, mais qu’il n’est cependant pas fait pour toutes les femmes. Et qu’il faut prendre le temps de s’informer pour mieux comprendre les effets possibles et les contre-indications.

Plus facile à dire qu’à faire 

D’accord, pas de problème. Mais la réalité, c’est qu’un très grand nombre de femmes – et j’en suis! – dont des jeunes femmes (des ados, qui ne savent peut-être pas trop comment ça fonctionne) entrent dans un bureau de gynécologue et ont à peine le temps de poser des questions, qu’on leur a déjà remis entre les mains une prescription dont elles ne savent à peu près rien. La plupart du temps, on insistera fortement  sur la pilule. Mais on propose aussi souvent le stérilet avec hormones ou en cuivre. Évidemment, l’idée est qu’avec ces méthodes, l’efficacité est augmentée parce qu’il n’y a pas d’intervention humaine qui peut empêcher le travail du stérilet, puisqu’il est posé à l’intérieur du corps. Tandis que la pilule, eh bien, ça s’oublie!

Mais, fait intéressant, une étude québécoise récente, parue au début septembre, s’est penchée sur la difficulté d’accès de la pilule abortive au Québec et, parmi ses conclusions, estime qu’il y a une «culture médicale qui favorise l’avortement chirurgical». Le rapport avec ce dont on parle? Eh bien, c’est qu’il semble y avoir une culture médicale qui prêche pour la pilule contraceptive avant tout. Et, de plus en plus, pour le stérilet Miréna. Malgré que des personnes souhaitent avoir des informations sur d’autres méthodes possibles. Et, surtout, qu’il y a d’autres méthodes possibles! En bref, on est en droit de se demander si l’on ne veut pas garder une forme de contrôle sur le corps des femmes… 

Les effets secondaires, concrètement? 

Pour ce qui est de la fameuse pilule, on parle d’un combiné d’oestrogène et de progestatif. Les effets secondaires reconnus sont souvent: nausées, prise de poids, maux de tête, sensibilité des seins, baisse de libido. Du côté du stérilet de cuivre, donc sans hormones, on l’a dit plus tôt, on rencontre surtout des règles plus abondantes, un cycle menstruel allongé, du spotting (de légères pertes de sang en-dehors de la période des règles), des crampes plus douloureuses, etc. Pour le stérilet avec hormones, le fameux Miréna, on parle de sensibilité des seins, cycles irréguliers, spotting, gain de poids, dépression, etc. Mais, et c’est très important, faut aussi continuer les études sur les différents contraceptifs et, particulièrement, sur le stérilet Miréna. Le nombre de personnes qui témoignent à son propos et la gravité des effets secondaires sont trop importants pour qu’on laisse cela de côté.

Comment bien gérer sa contraception et éviter les effets secondaires néfastes?

On l’a dit plus tôt, il faut pouvoir en discuter ouvertement avec un.e professionnel.le de la santé. Il y a de nombreuses contre-indications qu’il faut connaître et on doit absolument faire un survol de la condition et la santé de la personne pour pouvoir prescrire le bon contraceptif. Comme ce n’est pas toujours facile de s’ouvrir sans crainte devant une figure d’autorité, je recommande les conseils de la sexologue Estelle Cazelais. En résumé, elle suggère d’amener avec soi sa liste de questions et même un cahier pour noter les réponses. Ça évite des oublis et permet de se sentir plus solide devant une personne qui représente un pouvoir médical qu’on ose très peu souvent remettre en question. On peut également amener quelqu’un avec soi pour se rassurer. Et on s’assure aussi par le fait même que la personne peut corroborer les informations échangées pendant la rencontre.

Le magazine Protégez-vous a fait paraître en septembre dernier un dossier de 12 pages sur la contraception dont une grande partie est disponible gratuitement en ligne. Je vous le recommande d’abord pour avoir un aperçu de tout ce qui peut être offert comme moyens contraceptifs, mais on y parle aussi d’effets secondaires. Le site de la Fédération pour le planning des naissances a une section très détaillée à ce propos également. Il y a aussi l’initiative Gynéco Positive qui propose une liste de professionnel.les qui ont une approche féministe de la santé et qui ont à cœur le bien-être des patientes et patients qui consultent. Sans oublier les pharmaciennes et pharmaciens qui peuvent être de bon conseil.

Photo: Reproductive Health Supplies Coalition

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