attirance sexuelle

Biologiquement, comment explique-t-on l’attirance sexuelle?

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C’est une question qui tombe à point parce que de nombreux médias ont abordé le sujet récemment. La cause? La populaire émission Occupation Double a connu son tout premier couple du même sexe. En effet, Cinthia et Marjorie ont quitté l’aventure, main dans la main. Le public a d’abord cru à une tactique pour faire diversion. Par contre, les gens ont vite réalisé que l’idylle entre les deux participantes est bel et bien réelle. Elles ont d’ailleurs beaucoup évoqué leur forte attirance mutuelle qui, vraisemblablement, s’est ensuite transformée en amour. 

Quand on parle d’attirance sexuelle, on dit souvent que ça ne s’explique pas. Qu’il se passe quelque chose d’un peu magique qui fait que deux personnes sont comme aimantées l’une par l’autre. C’est ce qu’on ressent à l’écoute de Cintia et Marjorie: ça s’est fait naturellement, sans forcer quoi que ce soit. Mais une question demeure: peut-on expliquer ce phénomène, biologiquement parlant? Il y a certains marqueurs qui peuvent effectivement nous indiquer comment fonctionne l’attirance sexuelle. 

Mais… c’est quoi l’attirance sexuelle? 

C’est quand on ressent un élan physique et/ou émotionnel vers une personne (ou plusieurs!) en particulier. On éprouve une forme de bien-être en sa présence, une certaine excitation. On a une envie de proximité avec l’autre, d’une forme de connexion qui peut être physique et/ou mentale. Bref, on est attiré.e par la personne. On envie de se rapprocher d’elle ou, du moins, elle nous inspire l’envie d’un rapprochement plus intime et… sexuel. Si on fait beaucoup référence au domaine du ressenti, des émotions, des sensations, il demeure que certains éléments biologiques expliquent notre attirance envers les autres.

*Notez que j’utiliserai beaucoup de comparaisons hommes/femmes. Malheureusement, la majorité des études sur l’attirance sexuelle sont réalisées dans des cadres hétéronormatifs et avec des personnes cisgenres. 

Les fameuses phéromones

On a beaucoup entendu parler des phéromones comme déclencheurs de l’attirance sexuelle. Et, il faut le dire, c’est un débat assez controversé dans le monde scientifique. Chez les insectes et les animaux, ces éléments chimiques sécrétés sont importants pour signaler différents messages. Par exemple, pour signifier qu’on entre dans la période de copulation ou, encore, guider vers une source de nourriture. Du côté des humains, de nombreuses études ont été menées pour prouver un lien entre phéromones et attraction sexuelle, sans grand succès. 

Dans une étude britannique de 1980, on a conçu une expérience pour prouver l’attirance des femmes envers les phéromones masculines. Dans une salle d’attente de dentiste, on a donc mis de l’androstérone – un stéroïde qu’on retrouve dans la sueur – sur une chaise, pour voir si les femmes sont attirées vers cet emplacement. Les résultats ne sont pas particulièrement concluants.

Un papier scientifique de 2015, publié par la Royal Society B: Biological Sciences fait état des recherches effectuées sur les phéromones humaines. Il explique bien qu’on doit encore approfondir le sujet pour expliquer ce qu’elles ont comme impact sur nos comportements. Même son de cloche dans une revue de la littérature de 2014, parue dans la publication Sexologies. On peut y lire, noir sur blanc qu’ «on ne peut aujourd’hui affirmer en toute rigueur que des phéromones joueraient chez l’être humain un rôle incontestable et prépondérant dans les attirances sexuelles et le choix du partenaire.» Les scientifiques s’entendent pour dire qu’on détient assez d’information pour affirmer que les phéromones humaines existent. Mais il semble qu’à ce jour, rien ne prouve encore qu’elles affectent directement nos choix sexuels. 

Ensuite, on tombe beaucoup plus dans la physionomie et les cinq sens pour expliquer l’attirance sexuelle.

Symétrie VS asymétrie

Un autre élément revient souvent dans les diverses études qui souhaitent expliquer l’attraction sexuelle: la symétrie. C’est, dans ce cas, lorsque les traits du visage sont assez similaires de part et d’autre. Ce serait un signe positif par rapport au phénotype de l’individu [mfn] Phénotype: ensemble des caractéristiques visibles d’une personne. [/mfn] que l’on a devant soi. Ce qui veut dire qu’on évalue que son bagage génétique est de qualité. La personne a une bonne capacité à «résister aux perturbations  environnementales en cours de développement». On fait aussi état d’une attirance des hommes plus marquée pour les femmes qui ont un certain ratio taille-hanches: une petite taille et des hanches plus larges. Mais, encore là, cela dépend des préférences de chacun.e et aussi des normes sociales et culturelles dans lesquelles on vit. 

Cela dit, l’asymétrie n’est pas non plus en reste. Selon la neurologue Margaret Lingstone (Harvard Medical School), le cerveau n’est pas conçu pour évaluer les visages en différentes parties. Il les voit plutôt comme un ensemble. Notre processus d’analyse des visages est lui-même asymétrique: on scanne de droite à gauche. Une étude de 2010 sur la symétrie et l’asymétrie dans les visages humains démontre que ceux qui sont trop symétriques sont moins attrayants. On peut aussi trouver un intérêt à un visage asymétrique. Donc, tout n’est pas noir ou blanc. 

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La voix de la séduction 

La voix joue également un rôle important dans la séduction. The Conversation rapporte que, chez les hommes, une voix plus basse semble plus séduisante et montre une certaine idée de «dominance». Tandis que, chez les femmes, il y aurait une préférence pour les voix plus hautes perchées, synonymes de féminité. Une étude française de l’Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier, réalisée en 2018, s’est aussi penchée sur le sujet. On a évalué des éléments comme le souffle, la hauteur et la raucité de la voix chez les hommes et les femmes.

Sans surprise, les hommes qui ont eu plus de partenaires sexuels ont une voix plus rauque, associée « à la perception d’individus plus grands et plus forts». Du côté des femmes, on attribue moins de partenaires sexuels à celles avec  «une voix plus haute, peu soufflée et peu rauque». Mais, on estime que le souffle joue un rôle dans l’impression de jeunesse et de vitalité, voire de fertilité; ce qui peut donc pencher dans la balance. De façon générale, la voix est un élément qui peut aider à décoder certaines informations. Ou, du moins, de tenter de se faire une idée de l’autre: l’âge, l’état émotionnel, le gabarit, etc. On peut en apprendre beaucoup, simplement avec la tonalité de notre organe vocal.

L’odorat

Notre système olfactif n’est pas en reste et il a aussi une fonction dans la séduction. Nos sens sont activés par différents stimuli, dont les odeurs. À partir de parfums et d’odeurs spécifiques, on est capable de connaître le sexe de la personne ou, encore, son âge. On peut avoir une petite idée de sa santé et de son rapport à l’hygiène, par exemple. Une étude réalisée en 2018 et publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B. fait état d’une expérience pendant laquelle des hommes ont démontré un attrait plus marqué pour l’odeur des femmes, lorsqu’elles sont proches de l’ovulation. Évidemment, on fait encore ici un lien avec l’idée d’une sélection basée sur la fertilité potentielle de celle-ci. Cette théorie qui veut qu’on choisisse un.e partenaire sexuel.les pour sa fertilité revient très fréquemment dans les diverses recherches.

L‘apparence physique 

Difficile de passer par-dessus l’aspect général de l’apparence physique qui joue pour beaucoup dans le choix de partenaire. Certaines personnes regarderont plus les yeux, d’autres le visage ou les mains. Les lieux communs sont aussi présents: fesses, seins, taille, etc. Dans un dossier spécial sur l’attraction sexuelle, The Atlantic collige une quinzaine d’études sur le sujet. Parmi celles-ci, quelques recherches ont démontré que l’attraction physique dépendait aussi des visées de la personne qui sélectionne un.e compagnon/compagne.

Par exemple, dans une étude réalisée en 2009, on a découvert qu’avoir des cicatrices au visage, pour les hommes, augmente leurs chances d’être considérés pour une relation à court terme. On y trouve aussi une étude de 2017 assez intéressante. Celle-ci propose l’idée que, si la personne devant soi nous intéresse comme partenaire potentiel.le, on sera porté à regarder sa tête et son torse. Si on pense plutôt demeurer dans la zone de l’amitié, bref si on la friendzone déjà, c’est que notre regard s’attarde aux jambes et aux pieds de la personne. 

Le sourire et l’expression faciale 

Finalement, dans les critères importants à considérer pour l’attirance sexuelle, il y a, bien sûr, l’expression faciale. Et particulièrement le sourire! The Conversation s’est d’ailleurs demandé, dans un article paru l’été dernier, si l’on pouvait encore séduire, malgré le port du masque qui cache ce fameux sourire. Parce que ce dernier a un effet crucial sur l’attractivité que peut exercer une personne. En effet, des chercheur.es ont réalisé une expérience avec des photos de gens en trois phases: pas de sourire, demi-sourire, grand sourire. Les participant.es ont majoritairement répondu que l’attractivité de la personne augmentait proportionnellement avec la grandeur du sourire. Grand sourire; grande attractivité! 

L’attraction sexuelle est multimodale

Celles et ceux qui ont peur de ne plus pouvoir séduire avec leur beau sourire à cause des masques peuvent se réjouir. Comme le proposent des chercheurs dans la revue scientifique Frontiers In Psychology, on peut dire que l’attraction sexuelle est, en fait, multimodale. Elle a donc plusieurs modes de fonctionnement. C’est un amalgame d’éléments – on l’a vu – qui fait que ça clique ou pas avec quelqu’un.e. Et ça dépend aussi de différents facteurs: ce qu’on ressent au moment de rencontrer l’autre, quelles émotions on vit, si on est dans un moment de réceptivité ou pas, etc. Bref, comme il n’existe pas de recette parfaite, aussi bien rester soi-même et simplement se présenter tel qu’on est: le reste se fera tout seul. Ou ce ne sera que partie remise.

Photo de une: Tim Mossholder via Unsplash

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