gaslighting

C’est quoi le gaslighting ?

Une chronique bicéphale sur le gaslighting, co-écrite avec Mélanie Millette, professeure agrégée au Département de communication sociale et publique de l’UQAM et membre régulière du Laboratoire sur la communication et le numérique (LabCMO, UQAM et Université Laval).

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Comment définir le gaslighting et d’où vient-il ?

Le décervelage ou gaslighting appartient à la grande famille de la manipulation. Selon une chercheuse allemande spécialiste de l’empathie et des émotions, c’est un type de manipulation qui se distingue par son résultat, soit miner la confiance que la personne ciblée a envers ses propres facultés cognitives. On peut distinguer différentes formes de gaslighting selon qu’elles visent à détruire la confiance de la cible dans ses réactions émotionnelles, ses perceptions, sa mémoire et/ou ou ses capacités de raisonnement. Les propositions de traduction en français, soit décervelage et détournement cognitif, sont particulièrement pertinentes, car subir du gaslighting finit, à la longue, par provoquer le sentiment de devenir fou/folle, de ne pas vivre dans la même réalité que la personne manipulatrice. 

Ce phénomène existe depuis longtemps, mais il est récent qu’on le nomme, que l’on en parle et que le procédé soit connu. Les jeunes aujourd’hui sont plutôt au courant de ce type de manipulation. Cependant, les personnes de plus de 45-50 ans sont probablement moins familières avec ce mot et sa signification. Il existe d’ailleurs peu de recherches publiées sur le sujet, mais on dénote un pic de production scientifique depuis 2019 environ. 

Du théâtre au cinéma

Le terme gaslighting provient d’une pièce de théâtre anglaise intitulée Gas Light, produite à Londres en 1938. Écrite par Patrick Hamilton, elle présente une relation de couple toxique dans laquelle un homme cherche à rendre sa femme folle en questionnant sa mémoire, en invalidant ses émotions, en l’humiliant sous le couvert de l’humour et en l’infantilisant. Gas Light a, par la suite, été adapté au cinéma (deux films s’en sont inspirés). 

Selon la chercheure anglaise Deborah Philips, qui a notamment étudié les récits de coercition subie par les femmes dans les oeuvres de culture populaire, Gas Light serait également à l’origine d’un type de thriller psychologique très populaire actuellement dans les films et les romans : le roman ou le film domestique noir. C’est-à-dire un sous-genre du film noir (ex. : Gone Girl). Selon celle-ci, nommer le gaslighting permet de révéler que, derrière une femme qui croit devenir folle ou instable émotionnellement – un stéréotype récurrent dans les séries télés et les films – se cache souvent un homme qui projette une image charmante et confiante, voire autoritaire. On ne peut pas lui faire confiance car, c’est lui, au final, qui déforme la réalité.

C’est le cœur de l’affaire : la victime se fait manipuler et l’auteur du décervelage ment ou déforme la réalité à dessein. Philips précise que le « gaslighteur » amène sa victime à croire que ses réactions, ses perceptions, ses souvenirs et les jugements qui en découlent sont non seulement erronés, mais aussi totalement dénués de fondement  – d’où l’impression de devenir fou ou folle.

Une réalité tordue

Un élément important du gaslighting est que, même lorsqu’ils sont confrontés à des preuves factuelles, les adeptes de la technique nient fermement les faits. Iels prétendent que les soupçons de leur partenaire ne sont pas fondés, mais découlent plutôt de leur paranoïa, de leur perception ou de leur incapacité à comprendre une situation. À long terme, cela conduit leur interlocuteur.trice à douter de ses capacités mentales. 

Le décervelage est plus souvent associé au contexte d’une relation de couple hétérosexuelle. Par contre, le mot devient actuellement populaire et utile pour décrire toutes sortes de situations. Le journal britannique The Guardian a profité du fait que l’on présentait de nouveau la pièce de théâtre à Londres, en 2019, pour répertorier différentes situations où l’on parle de gaslighting. Les stratégies de Donald Trump, par exemple, qui sont vues comme telles. En effet, ce dernier ment et déforme la réalité, ce qui provoque une dissonance cognitive pour une partie de la population.

La différence entre manipulation et gaslighting 

Il est important de comprendre que le gaslighting est une forme de manipulation, mais toutes les formes de manipulation ne sont pas du gaslighting. Lorsque l’on manipule, on use d’une technique pour arriver à ce qu’une personne fasse ce que l’on veut. Par exemple, utiliser la flatterie pour obtenir quelque chose de quelqu’un.e : « Es-tu sûr.e que tu ne veux pas faire le gâteau, parce que tu sais bien que c’est toi qui fait les meilleurs desserts! »

Ça peut sembler assez anodin et inoffensif, mais ce n’est pas toujours le cas. Le gaslighting est plus pernicieux, car il entraîne de la confusion et joue dans la tête de la personne qui subit ce fameux détournement cognitif. La personne manipulatrice va souvent mettre en pratique des techniques comme le déni, la contradiction, la banalisation ou encore changer les règles à son avantage et refuser de prendre la responsabilité. 

  • Déni : réfuter un fait pour faire douter l’autre. (Ex. : j’ai jamais dit ça / tu inventes / tu te fais des idées / tu es mélangé.e)
  • Contradiction : contredire ses propres propos. (Ex.: tu m’as mal compris.e / tu ne te rappelles pas bien / je me connais, je n’aurais jamais dit ça),  
  • Banalisation : réduire l’importance de ce qu’une personne ressent. (Ex. : t’es vraiment trop sensible / reviens-en / ça te prend pas grand-chose);
  • Modifier ce qui a été entendu et mettre la responsabilité sur l’autre. (Ex. : tu m’as dit de m’occuper du ménage, mais tu ne m’as jamais dit que ça incluait le lavage / c’était à toi d’être clair.e). 

Les types de personnes qui font du gaslighting

D’après Stéphanie A. Sarkis, psychothérapeute et autrice de Gaslighting: Recognize Manipulative and Emotionally Abusive People—and Break Free (Da Capo Lifelong Books, 2018), deux types de personnes utilisent le détournement cognitif : 

  1. Celles qui savent ce qu’elles font. Elles peuvent même trouver des techniques pour s’améliorer. (Ex.: personne qui répète des patterns observés chez un.e proche, personne avec un trouble de la personnalité (narcissique, antisociale, etc.)); 
  2. Celles qui le font sans le réaliser. Par exemple, une personne qui reproduit le comportement, car cela lui apporte un effet agréable, un sentiment de satisfaction et une rétribution.

À LIRE : Pourquoi certaines victimes d’agression sexuelle ne se défendent pas?

Comment fonctionne le détournement cognitif et quels sont ses effets ? 

Le détournement cognitif est considéré comme une forme de violence psychologique qui peut avoir des effets délétères chez la personne qui le vit. Comme il fonctionne via la prise de pouvoir sur l’autre personne (doute, confusion) en détruisant, quelque part, son sentiment d’identité, sa confiance en soi, son estime personnelle, cela peut devenir très dangereux.

Le gaslighting désoriente complètement la personne (pas pour rien qu’on parle de brain f***). Elle la rend tellement incertaine d’elle-même et de ses repères qu’elle s’isole. Ainsi, la personne qui gaslight devient son seul repère de la « réalité » (une fausse réalité construite par le manipulateur ou la manipulatrice) et, souvent aussi, sa seule source de confiance. En effet, le manipulateur ou la manipulatrice va aussi jouer sur le fait qu’elle est la seule personne à encore la comprendre, à être là pour elle, à pouvoir la guider, etc. Alors qu’au contraire, elle est toxique et constitue un véritable danger pour celle qu’elle manipule. 

Gaslighting et dating

On peut voir ce type de comportement dans le dating, entre autres, avec l’émergence des PUA (pick-up artists) ou « artistes de la drague ». Ce sont des hommes masculinistes qui voient la drague comme méthode infaillible pour faire tomber les femmes dans leur filet. En utilisant, par exemple, des techniques comme le negging. C’est une forme de séduction qui consiste à passer des commentaires désobligeants à la femme convoitée. Le but est de la faire réagir, mais surtout la faire sentir mal et inconfortable à propos d’elle-même, de son apparence et de ses propos. C’est une façon de la déstabiliser et la rendre insécure afin qu’elle voit le PUA comme supérieur, en quelque sorte, et qu’elle finisse dans son lit. Parce qu’il s’intéresse quand même à elle, malgré qu’elle soit inadéquate… C’est extrêmement tordu et ça fait aussi partie de la grande famille de la manipulation. 

Comment agit le manipulateur ou la manipulatrice ? 

Dans une récente étude (2023), dirigée par Willis Klein, un étudiant de l’Université McGill sur les motivations et le modus operandi des personnes manipulatrices dans les relations amoureuses, on a mis en lumière quatre comportements communs chez celles-ci : 

  1. Le love bombing;
  2. Isoler la victime;
  3. L’imprévisibilité (comportement erratique) (faire volte-face, changer d’idée, dire tout et son contraire, etc.);
  4. Ignorer volontairement la victime (pour la rendre dépendante et à la recherche de petites bribes d’attention).

Et deux types de comportements ont été repérés qui découlent spécifiquement du gaslighting

  1. Insultes et accusations;
  2. Blâmer.

Ce qu’est le love bombing

Il s’agit d’une autre forme de manipulation qui se voit beaucoup dans le milieu du dating et qui peut mener au gaslighting. Le manipulateur ou la manipulatrice va «  bombarder d’amour » l’autre personne. L’idée est de l’écraser sous tellement d’attention qu’elle peut s’en voir flattée, touchée et n’a d’autre choix, en quelque sorte, que d’abdiquer. Cela peut se faire en lui envoyant des cadeaux, en lui payant des choses, en la textant ou en l’appelant sans arrêt. Il est important de se rappeler que le negging, tout comme le love bombing, ne sont PAS des manifestations d’amour. Ce sont des comportements toxiques, des comportements de contrôle qui servent à utiliser l’autre pour satisfaire son propre égo et ses propres besoins. 

Comment savoir qu’on est victime de love bombing ?

Il y a plusieurs autres signes qui indiquent que l’on est peut-être victime de love bombing

  • La personne qui love bomb met de la pression pour que l’autre se commette (dans la relation, un projet, la sexualité, etc.)
  • Elle est envahissante (ex. : veut savoir en tout temps où est l’autre);
  • Elle est contrôlante (ex. : demande des comptes, surveille les déplacements et les contacts avec d’autres personnes); 
  • Elle veut tout savoir sur l’autre;
  • Elle complimente à l’excès;
  • Elle dit rapidement des phrases comme « Toi et moi c’est pour toujours » ou « Je ne peux pas me passer de toi ». 

Le gaslighting dans la culture populaire 

Depuis quelques années, on voit beaucoup d’articles et de contenus web qui nous renseignent sur le décervelage, et plus largement sur différentes formes de détournement cognitif. Il semble y avoir une attention accrue face à ce type de comportement. On en parle d’ailleurs beaucoup dans les balados féministes, dont Les Ficelles, consacré à Occupation double.

Le gaslighting a été largement (et longtemps) utilisé dans la culture populaire, notamment dans de nombreuses comédies romantiques. En alternance avec le love bombing, on a présenté ce type de comportements abusifs comme « normaux ». On les a associés à de l’ « amour » excessif de la part d’un protagoniste qui veut à tout prix conquérir le cœur d’une belle. Dans les romans et les films de la série 50 shades of grey, par exemple, le personnage masculin utilise la manipulation pour combler son appétit sexuel. Par la répétition de comportements abusifs dans la culture populaire, on a normalisé des processus de manipulations hautement problématiques. On nous a appris que ces attitudes sont, en quelque sorte, une manifestation d’un « trop-plein d’émotions », d’une maladresse cute. Toutefois, ce dont il s’agit réellement est la violence psychologique et l’abus émotionnel.  

Dans quelles circonstances se produit le gaslighting?

Le gaslighting utilisé seul ou conjointement au love bombing, et plus largement le détournement cognitif, peut prendre place dans différents types de relation : amoureuses, familiales, amicales, au travail, à l’école. Mais cela peut aussi se passer dans d’autres sphères, comme la politique. On évoque régulièrement Donald Trump lorsqu’on parle de gaslighting politique et cette impression est même vérifiée par la science! Aurora Donzelli, chercheuse à l’Université de Chicago, a spécifiquement étudié ce phénomène. Elle estime que la manière dont l’ancien président américain manipule la réalité correspond au gaslighting. Suite à une analyse de différents propos et discours de ce dernier, notamment sur Twitter (devenu X), elle démontre comment il arrive à se présenter comme un champion de la franchise et de la vérité, tout en mettant de l’avant une vision qu’elle qualifie de « hautement individualiste de la réalité », mais qui est surtout complètement fausse – et ce avec un aplomb foudroyant.

La chercheuse argumente d’ailleurs, à la suite d’autres scientifiques en psychologie et en sociologie, que le gaslighting de Trump constitue de la « violence épistémique ». Le décervelage qu’il produit, en niant les faits à répétition – même lorsque la preuve est faite que les événements se sont bien déroulés – ébranle fondamentalement le système social dans lequel nous évoluons et contribue à nier la réalité.  Ce qui est extrêmement violent. Cela « reconstruit », en quelque sorte, une autre réalité autour des opinions d’une seule personne. Ce qui est profondément injuste, inégalitaire et inadéquat pour fonder le réel partagé par tous.tes. Le gaslighting et le détournement cognitif se passent également dans d’autres milieux,  dont la sphère médicale. 

Le gaslighting médical 

Il existe bel et bien. Pensons, entre autres, aux violences gynécologiques qui émergent souvent d’une négation des symptômes et ressentis des personnes avec un système reproducteur féminin. Mais cela s’étend à plus d’une sphère de la santé. Dans un article chez The Conversation sur le gaslighting médical, on rapporte que, pour les maladies cardiaques, les symptômes d’une femme sont deux fois plus susceptibles que ceux d’un homme d’être considérés comme de la maladie mentale. En somme, lorsque celles-ci se plaignent de maux importants, on les tasse du revers de la main : c’est dans votre tête, Madame. De nombreux enjeux de santé passent donc sous le radar et sont diagnostiqués beaucoup trop tard. Le gaslighting n’est donc pas à prendre à la légère; il peut être dangereux autant pour la santé physique que mentale d’une personne.

Le détournement cognitif dans les relations amoureuses

Dans le cas des relations amoureuses, c’est une forme d’abus émotionnel. Il peut mener à des dynamiques de couple dans lesquelles il y a, évidemment, de la violence psychologique, mais aussi physique. On pense aux cas de violence conjugale dans lesquels la manipulation occupe une place centrale. 

Selon l’étude de l’Université McGill évoquée plus tôt, les conséquences pour les victimes de gaslighting dans les relations amoureuses sont importantes. Elles peuvent avoir une influence majeure sur leur identité, mais également sur l’ensemble de leurs relations. On en dénombre spécifiquement trois : 

  1. Une diminution de l’estime de soi
  2. Une grande vigilance 
  3. Une méfiance envers les relations futures 

Comment reconnaître le gaslighting en ligne? 

Cette technique de manipulation étant extrêmement toxique, elle peut génèrer des conséquences graves pour la personne qui la subit (problème d’estime de soi, sentiment d’incompétence et de perte de repère, anxiété, etc.). Il est donc important d’avoir une vigilance face à cette forme d’abus.

Selon SOS Violence conjugale, la violence psychologique, la violence technologique et la manipulation vont souvent de pair dans une dynamique de couple malsaine. La violence technologique s’inscrit dans la violence psychologique et la prolonge à l’aide d’outils technologiques comme le téléphone intelligent. Le gaslighting peut se déployer aux côtés d’autres formes d’abus et de violence psychologique; pensons notamment à la surveillance du ou de la partenaire. Par exemple, un homme qui surveille les allées et venues de sa conjointe.

Cela peut se faire par l’activation de la géo-localisation qui permet de repérer en tout temps où est l’autre. Ou, encore, par des appels répétés et/ou des appels vidéos où l’on exige de voir avec qui est la personne. Ce genre de comportement s’installe souvent progressivement; le manipulateur ou la manipulatrice peut prétendre s’ennuyer et/ou vouloir s’assurer que sa compagne passe un bon moment. Si ce comportement est récurrent, insistant et dérangeant, c’est un problème; ça n’est ni cute ni attentionné. 

Un dangereux combo

Toujours selon SOS Violence conjugale, la surveillance technologique est utilisée de plus en plus conjointement avec des stratégies de manipulation. La personne utilise les technologies pour influencer l’autre personne. Par exemple, envoyer des tas de messages (love bombing) après avoir fait preuve d’agressivité. Cela permet d’amadouer ou convaincre son ou sa partenaire en avançant toutes sortes de raisons (ex. : je ne suis pas bon avec les mots, moi). Cela crée aussi de la confusion (que cet effet soit volontaire ou non – dans le cas du gaslighting, la confusion est sciemment créée, mais pas nécessairement dans toutes les situations de manipulation). 

Donc ce genre de combo, « surveillance technologique + violence psychologique + gaslighting » cohabitent malheureusement souvent.

Comment agir face au gaslighting en ligne? 

Quand le gaslighting survient (notamment) dans le cadre d’échanges en ligne, il faut une mise à distance de l’écran et prendre le temps d’analyser les choses. Dans un échange en face à face, cela va parfois trop vite et/ou nos émotions prennent de la place; il est plus difficile de s’arrêter et saisir la dynamique manipulatoire en cours. Ce qui ne veut pas dire de relire de manière compulsive les cinquante derniers textos échangés pour tenter de comprendre le sous-texte!  Mais cette quête de sens, si elle est récurrente, est un indicateur d’un abus émotionnel. Si l’on se sent mal à l’aise et inadéquat.e dans une relation, c’est un signal important. Il vaut la peine de réfléchir aux sources de ce malaise.  

L’idée est donc de faire une pause et d’évaluer l’échange – et même la relation – de manière critique. Il ne faut pas hésiter pas à mobiliser une tierce personne de confiance. On peut aussi consulter une ressource, comme SOS Violence conjugale qui explique bien les différentes facettes de la violence psychologique. On peut aussi se demander :

  • Lorsque j’exprime la manière dont je me sens, est-ce que l’autre personne invalide mon sentiment? Par exemple, en disant que je suis trop sensible ou que j’exagère? 
  • Quand l’autre revient sur un moment que l’on a vécu ensemble ou sur une discussion antérieure, est-ce que j’ai l’impression d’avoir vécu une autre réalité ? Ou d’avoir été radicalement incompris-e? 
  • Est-ce que j’ai l’impression d’être toujours responsable de ses problèmes?

En posant ces questions, on prend un temps de recul afin de cerner le sentiment de malaise. Si on répond oui à ces questions, il y a de fortes chances que l’on ait affaire à du gaslighting. Consulter une ressource en violence psychologique pour avoir un avis professionnel peut être une bonne idée.

Reconnaître le gaslighting en personne

Les signes du détournement cognitif ne sont vraiment pas faciles à voir pour une personne qui est prise au cœur de cette dynamique, parce que, comme sa réalité est tordue, faire sens devient plus difficile. Mais certains éléments sont à surveiller et peuvent constituer des signes qu’il se passe quelque chose d’anormal. Par exemple : 

  • Ressentir un malaise en présence de cette personne. Se dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas sans trop savoir pourquoi; 
  • Avoir l’impression de constamment marcher sur des œufs; 
  • Se sentir confus.e, ne plus avoir de certitudes, douter de tout;
  • Avoir le sentiment de toujours devoir se tourner vers la personne manipulatrice pour savoir quoi dire ou faire; 
  • Évoquer fréquemment cette personne pour parler de soi et/ou justifier des éléments de sa vie; 
  • Avoir beaucoup de difficultés à prendre des décisions (parfois même pour des choses simples);
  • Se sentir constamment vulnérable, sans agentivité;
  • S’isoler, s’éloigner de ses cercles sociaux;
  • Avoir un sentiment d’inadéquation;
  • Avoir l’impression que personne ne nous comprend, mis à part cette personne. 

Comment se libérer d’une dynamique de gaslighting

Pour sortir de ce type de relation et/ou s’éloigner d’une personne qui peut créer ce genre de dynamique, on peut : 

  • Parler de son malaise et de son sentiment de confusion à des gens fiables autour de soi; 
  • Tenir un journal. Prendre des notes pour garder des traces de ce qui a été dit et/ou fait afin d’éviter la confusion et les oublis; 
  • Revenir à soi, à ses valeurs, ses besoins, ses limites (pas toujours facile à faire, mais c’est primordial!); 
  • S’entourer de gens qui nous font du bien. Choisir des personnes qui nous supportent et sont capables de nous ramener à qui l’on est vraiment. Des gens qui peuvent nous rappeler nos qualités, nos compétences;  
  • Nommer clairement ses limites, si la situation le permet (ex.: pas de violence); 
  • Ne pas argumenter. Cela enlève du carburant à la personne qui se nourrit de ce type d’interactions et les utilise pour attraper à nouveau la personne dans ses filets. (Ex. : on peut répondre : je pense qu’on voit les choses différemment); 
  • Consulter un.e professionnel.le de la santé (psy, sexo, travailleur social); 
  • Si possible, limiter voire couper les contacts avec la personne . 

Photo de une : RDNE Stock project

Sources

Donzelli, Aurora. 2023. « On Metapragmatic Gaslighting: Truth and Trump’s Epistemic Tactics in a Plague Year ». Signs and Society 11(2): 173‑200. doi:10.1086/724084.

Klein, W., Li, S., & Wood, S. (2023). A qualitative analysis of gaslighting in romantic relationships. Personal Relationships30(4), 1316-1340.

Philips, Deborah. 2021. « Gaslighting: Domestic Noir, the Narratives of Coercive Control ». Women: a Cultural Review 32(2): 140‑60. doi:10.1080/09574042.2021.1932258.

Sarkis, A. Stephanie. 2017. « Are Gaslighter Aware of What They Do ? ». Psycholody Today (24 février 2024).

Sodoma, Katharina Anna. 2022. « Emotional Gaslighting and Affective Empathy ». International Journal of Philosophical Studies 30(3): 320‑38. doi:10.1080/09672559.2022.2121894.

Tripney, Natasha. 2019. « Gaslight: The Return of the Play That Defined Toxic Masculinity ». The Guardian. https://www.theguardian.com/stage/2019/oct/08/victorian-melodrama-gaslight-love-island-psychological-abuse-patrick-hamilton-play-buzzword (21 février 2024).

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