anatomie masculine

Andropause : est-ce que les hommes ont aussi des bouffées de chaleur?

***Je tiens d’abord à préciser: je ne suis pas médecin. Je ne donne pas un avis médical/diagnostic ni ne remet en question celui d’un.e spécialiste de la santé. Conséquemment, ceci ne remplace pas l’avis d’un.e médecin; il faut consulter si vous avez des questionnements sur votre santé.***

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Oui, bien sûr, les hommes peuvent avoir des bouffées de chaleur. Mais il faut savoir que le terme « bouffées de chaleur » est extrêmement connoté: on l’associe pratiquement d’emblée à la ménopause. Pour le plaisir, allez sur Google et cherchez cette expression en spécifiant « images » pour obtenir vos résultats. Vous trouverez une panoplie de photos de femmes d’un certain âge qui s’épongent ou s’éventent le visage. On est systématiquement porté à penser que c’est un malaise typiquement féminin. 

C’est pourquoi, lorsqu’une personne de sexe masculin explique qu’elle ressent ce type de symptômes, on a tendance à faire deux choses: 1) trouver ça incongru et 2) comparer cela à une «ménopause masculine», souvent à la blague. C’est que «l’équivalent masculin», si l’on veut, est assez peu connu. En effet, l’andropause est un terme dont on entend peu parler. D’autant plus si l’on compare aux innombrables écrits qui existent sur la ménopause. Cela dit, de plus en plus de gens consultent pour des malaises divers qui ressemblent énormément à ceux de la ménopause. Ce qui amène plusieurs scientifiques à se pencher sur le sujet. 

Andropause: de quoi on parle?

Le mot andropause vient du grec andro (pour homme) et pause/pausis (pour cesser/fin). Si on le prend au sens littéral, on pourrait donc comprendre qu’il s’agit d’une fin de la masculinité. Évidemment, c’est une vision assez essentialiste de la chose qui implique, en quelque sorte, que la vie sexuelle – reproductive, entre autres – se termine. Mais ce n’est pas le cas. L’andropause correspond plutôt à une période de la vie pendant laquelle se produisent certains changements hormonaux. Elle amène, chez la personne qui a un système reproducteur masculin, une baisse marquée des hormones androgènes, dont la testostérone.

Par contre, alors que la ménopause touche toutes les personnes qui ont un système reproducteur féminin, ce qu’on nomme l’andropause n’affecte pas systématiquement toutes les personnes de phénotype masculin. C’est pourquoi on ne peut pas vraiment parler de «ménopause masculine»; le processus n’est pas le même. Alors que la ménopause annonce l’arrêt de la fertilité, ce n’est pas nécessairement le cas avec l’andropause. 

Un mot méconnu

Si le mot n’est pas tellement connu ici, c’est qu’il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, l’andrologie est un domaine qui, au Québec, est couvert par les urologues. Ils ont une formation médicale spécialisée qui inclut l’andrologie. En France, par contre, on trouve des andrologues. Ce sont les spécialistes qui s’occupent du fonctionnement du système reproducteur masculin (qui inclut aussi l’urologie). Finalement, l’endocrinologie est également étroitement rattachée au fonctionnement du système reproducteur, puisque cette spécialité s’intéresse spécifiquement aux problèmes hormonaux.

N’oublions pas non plus le fait que, si l’on apprend rapidement aux jeunes personnes de sexe féminin qu’elles auront, un jour ou l’autre, à faire un tour chez le.la gynécologue, l’inverse n’est pas du tout courant pour les personnes de sexe masculin. À moins, bien sûr, d’avoir des enjeux spécifiquement liés au système reproducteur et/ou aux hormones masculines. 

Ajoutons aussi que les spécialistes ne s’entendent pas à savoir si l’andropause existe réellement ou non. Les articles qui parlent du mythe de l’andropause pullulent sur le web. Ils côtoient les écrits qui veulent tout nous expliquer sur ce phénomène encore méconnu. Les grandes chaînes de pharmacie ont toutes des sections «andropause» sur leurs sites web. Et celles-ci incluent parfois les bouffées de chaleur et… parfois pas! Bref, on trouve tout et son contraire en matière d’informations sur le sujet. Disons qu’il y a de quoi être perplexe et… pas mal mélangé.e! 

Un diagnostic peu évident 

Pour faciliter les choses (nope!), il faut savoir qu’on parle aussi de viropause, de late-onset hypogodanism et aussi de déficit de testostérone (ou Low T syndrom) et déficit androgénique lié à l’âge (DALA). Mais, en même temps, on ne considère pas réellement l’andropause comme un syndrome précis ni comme une maladie. Elle fait référence à la baisse de testostérone, mais surtout aux effets possibles de cette baisse. Bref, ce n’est pas simple… Une autre complication existe aussi: ses différents symptômes, comme la baisse du désir sexuel, de possibles dysfonctions érectiles, une prise de poids et, oui, des bouffées de chaleur/sueurs (nocturnes surtout), peuvent être attribuables à d’autres causes. Dont le vieillissement humain.

Dans la vie humaine, plusieurs fonctions vont décliner avec l’âge; c’est tout à fait normal. Il en va de même avec la production de testostérone. La personne qui possède un système reproducteur masculin connaîtra éventuellement une baisse graduelle de testostérone. On estime que cette baisse correspond environ à 1% par an. Et ceci commence tôt: dès 30 ans. Quant à l’andropause, elle se manifeste souvent dans la cinquantaine (certains parlent même de la soixantaine).

Mais, contrairement à la ménopause (incluant aussi la périménopause, sur une période de 2 à 10 ans) qui signifie l’arrêt des menstruations et conséquemment, de la fertilité, la baisse de testostérone sera graduelle. Et elle ne s’arrêtera jamais complètement. En effet, une personne qui a un système reproducteur masculin peut être fertile toute sa vie. Donc, le terme andropause fait débat, car il est trompeur, porte à confusion et est directement associé à la ménopause, alors qu’on comprend que les deux processus sont complètement différents.

Des symptômes pluriels et confondants 

Même s’il y a une baisse de testostérone, ça ne signifie pas pour autant qu’il y a automatiquement des symptômes présents. Par contre, pour les personnes qui ont des symptômes, comme notre auditeur qui a des bouffées de chaleur, ces manifestations peuvent être incommodantes et difficiles à gérer. Mais est-ce vraiment l’andropause qui les cause? La question est importante, car les différentes affections nommées plus tôt (baisse du désir sexuel, dysfonctions érectiles, infertilité, prise de poids, sueurs/bouffées de chaleur) et plusieurs autres qui sont recensées par les médecins (perte de concentration, fatigue, manque d’énergie, de motivation, insomnie, etc.) peuvent être le signe d’autres éléments qui interagissent sur le corps.

On pourra donc se demander: La personne a-t-elle une condition médicale préexistante? Sa santé globale est-elle bonne? Fait-elle du diabète? A-t-elle des problèmes cardiaques? A-t-elle un mode de vie stressant? Fait-elle usage d’une médication qui pourrait causer des effets secondaires? Est-ce qu’elle fume/consomme de l’alcool? Des drogues? Y a-t-il d’autres symptômes qui pourraient indiquer une tout autre problématique? Par exemple, les problèmes de dysfonctions érectiles peuvent être le signe de problèmes cardiovasculaires, de troubles neurologiques et/ou hormonaux.

Pour savoir si la baisse de testostérone est bel et bien à l’origine des malaises ressentis, l’Association des médecins endocrinologues du Québec explique qu’on doit faire un historique médical complet et un examen physique. Et, surtout, «au moins deux prises de sang faites tôt le matin lors de deux journées différentes pour mesurer les niveaux d’hormones». Le taux de testostérone étant plus élevé le matin.

Dans le cas où l’on confirme une baisse importante pouvant affecter le fonctionnement global, le.la médecin pourra suggérer un recours à l’hormonothérapie. C’est-à-dire des doses de testostérone qui peuvent se prendre de différentes façons, dont en injection, sous forme de timbres, etc. Mais l’essentiel, c’est d’en parler à son.sa médecin pour évaluer ce qui peut être fait pour améliorer la situation. 

Ouvrir la discussion et déstigmatiser  

Donc, oui, les bouffées de chaleur peuvent être ressenties, et ce, pour diverses raisons, dont les changements hormonaux Et, on l’a vu, le statut de ce qu’est l’andropause ou non n’est pas totalement clair. De plus, il ne s’agit peut-être pas du meilleur terme pour décrire ce qui peut se produire chez certaines personnes de phénotype masculin à un certain âge. Cela dit, il demeure que c’est le signe qu’on a encore beaucoup à faire pour offrir de l’information claire et précise sur le sujet. Et il faut normaliser le fait que les corps vieillissent et ne réagissent plus nécessairement comme avant. On a tendance à glorifier une idée de jeunesse perpétuelle, alors que, dans la réalité, on vit de plus en plus vieilles et vieux. Et on doit apprendre à vivre avec ces réalités que sont le vieillissement et les changements corporels.

On peut difficilement passer à côté du fait qu’il demeure encore tabou, chez bien des personnes de sexe masculin, d’aborder ouvertement des malaises ressentis qui pourraient être interprétés comme des signes de faiblesses. D’ailleurs, selon une étude réalisée par Statistique Canada en 2013-2014 sur la consultation d’un médecin dans les 12 derniers mois, on constate que les hommes entre 20 et 64 ans ont tendance à moins consulter que les femmes. Ce qui en dit long. 

Finalement, j’ajouterais qu’il faut simplement prendre le temps de s’informer et poser des questions lorsqu’on voit son. sa médecin. Et, surtout, ne pas hésiter à verbaliser les maux et malaises qui peuvent survenir et rendre le quotidien inconfortable. On a même le droit d’amener une personne de confiance avec nous pour se rassurer. Et aussi pour s’assurer de bien comprendre et retenir les informations échangées. De plus, rien n’empêche d’obtenir un second avis. Surtout si l’on considère que celui qu’on a reçu ne nous satisfait pas et/ou qu’on estime qu’on a pas bien été écouté. Je sais qu’il peut être compliqué d’obtenir et de courir les rendez-vous médicaux, surtout en temps de pandémie. Mais être bien soigné, c’est important. Surtout qu’il y a certainement une explication et, surtout, des solutions!

Photo de une: Annie Spratt via Unsplash

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