orgasme nocturne

Comment expliquer l’orgasme nocturne?

Mise en situation : vous êtes dans votre lit, c’est le milieu de la nuit et vous dormez. Vous êtes confortable, très relaxe, au point même où se pointe une sensation qui ne vous est pas inconnue. Vous êtes encore dans les bras de Morphée, mais cette sensation monte. Première nouvelle, vous vous réveillez et avez la ferme impression et/ou la confirmation d’avoir eu un orgasme. Que s’est-il passé? 

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Le monde de l’orgasme nocturne  

Vous avez eu ce qu’on appelle un orgasme nocturne. Plus connu à l’adolescence chez les hommes et personnes avec un pénis, on l’appelle aussi émission nocturne. Mais l’orgasme nocturne existe bel et bien à l’âge adulte. Donc, rien d’anormal ou d’alarmant ici. Les émissions nocturnes, aussi appelées pollutions nocturnes ou wet dream (rêve mouillé), sont donc plus fréquentes à l’adolescence. Ceci est dû à une augmentation considérable de l’activité hormonale, particulièrement des hormones sexuelles, notamment la testostérone et l’oestrogène. 

Si cela est plus facilement observable chez les hommes et personnes avec un pénis, c’est que l’éjaculation sert de « preuve » pour démontrer que cela a eu lieu. Du côté des femmes ou personnes avec un vagin, il peut y avoir une sensation de mouillure au niveau de leur sexe. Cela inclut parfois un liquide clair qui atterit dans le fond de la culotte. Il s’agit du transsudat qui se mélange aux sécrétions vaginales et qui témoigne de l’excitation sexuelle. Mais cela est plus subtil et moins apparent qu’une éjaculation. Les orgasmes nocturnes arrivent pour plusieurs raisons. Cela peut être à cause de rêves érotiques, d’une montée de la testostérone, d’une stimulation génitale en dormant (ex. : un frottement sur les draps, sur l’oreiller, etc.). Est-ce qu’une émission nocturne est la même chose qu’un orgasme nocturne? Essentiellement, oui.  

C’est quoi, un orgasme nocturne?

Il y a très peu d’études récentes sur le sujet. Les recherches qui s’y sont penchées datent toutes d’au moins trente à quarante ans, ce qui mériterait d’être adressé. Mais on a tout de même quelques éléments de réponse. Il s’agit d’un orgasme spontané qui émerge pendant la nuit, alors qu’on se trouve dans la phase de sommeil paradoxal. Aussi nommée sommeil REM (rapid eye movement), c’est la dernière étape de sommeil avant le réveil. Elle est associée à la stimulation des tissus érectiles (clitoris et pénis). Quand on a un orgasme nocturne, il est normal de se réveiller peu de temps après, voire même en sursaut après avoir eu ce type d’expérience physique. 

Les différentes études effectuées sur le sujet démontrent que, dans le dernier siècle, de nombreuses personnes, peu importe le genre, ont cherché de l’aide médicale face aux orgasmes nocturnes. L’absence de connaissances sur cette réaction physiologique ainsi que la honte associée à la sexualité ont mené bien des gens à ressentir de la gêne face à cette situation. 

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Pourquoi ressent-on de la honte? 

De nombreuses personnes ressentent une grande gêne à aborder des sujets liés à la sexualité. D’une part, il y a un manque d’éducation sur le sujet. D’autre part, il y a une longue tradition de silence et de tabous entourant la sexualité. Cela inclut également les parties intimes du corps et leur fonctionnement. Il peut être difficile d’avoir l’espace pour poser des questions et s’informer, puisque l’on met cela dans la catégorie « honteux ». D’ailleurs, on parle encore de « bloc honteux » quand on veut procéder à une péridurale. Celles-ci touche le nerf pudendal ou nerf honteux. C’est un nerf relié aux vertèbres de la région pelvienne, qui passe par la région du périnée. 

Parmi les raisons évoquées sur la gêne ressentie – principalement des femmes et personnes avec un vagin –  il y a la culpabilité. Cela peut donner l’impression d’avoir du plaisir sans le ou la partenaire. C’est préoccupant et ça peut amener des questionnements sur la satisfaction sexuelle globale. Il y aussi d’autres cas de figure: la personne arrive à avoir un orgasme en dormant, mais pas lors des relations sexuelles avec un ou une partenaire. Résultat : détresse et pression sur la personne. Que ce soit par elle-même (Pourquoi je n’y arrive pas avec ma, mon ou mes partenaires, mais que j’y arrive seul.e?) ou via la, le ou les partenaires (Tu y arrives seul.e, pourquoi ça ne fonctionne pas avec moi?). Même s’il est très aléatoire et imprévisible, l’orgasme nocturne est plus facile à avoir, car il se fait lorsque l’on dort. C’est-à-dire le corps détendu, les pensées fluides et, de façon générale, dans une certaine vulnérabilité qui fait en sorte qu’on se laisse aller. 

Des recherches à effectuer 

On en sait si peu sur l’origine des orgasmes nocturnes à l’âge adulte, qu’on peut se demander pourquoi il n’y a pas plus de recherches récentes à ce sujet. La raison est simple : il n’est actuellement pas possible de prévoir quand cela arrive. Les études antérieures qui ont été faites se basent sur des mesures auto-rapportées par les personnes participantes. L’une d’entre elles a été effectuée en 1986 sur 245 femmes. Publiée dans The Journal of Sex Research, on y rapporte que 37% des personnes consultées affirment avoir eu des orgasmes nocturnes. Les prédicteurs de l’orgasme nocturne sont les suivants: attitudes positives et connaissance des orgasmes nocturnes, libéralisme sexuel et se réveiller sexuellement excitée de la phase de sommeil (sans éprouver d’orgasme). 

Le magazine Mashable s’est aussi penché sur la question et rapporte que plusieurs scientifiques estiment qu’on serait excité.e.s sexuellement pendant le sommeil afin de  «[…] maintenir le flux sanguin et l’oxygène vers les tissus génitaux ». Bref, pour assurer le bon fonctionnement de cette partie du corps, même quand on dort. 

Quand la nuit est synonyme de plaisir

On associe beaucoup l’orgasme nocturne aux rêves érotiques, mais ils ne sont pas nécessaires à son émergence. On peut avoir cette réaction même si l’on est en train de rêver à son épicerie de la semaine, par exemple. Même si on a peu d’informations sur le processus et ce qui fait que cela arrive à un moment plutôt qu’un autre, il demeure que la plupart des spécialistes s’entendent pour dire que c’est une bonne chose. Cela signifie qu’il y a une capacité à vivre un orgasme. Comme l’indique Leah Millheiser, directrice du programme de médecine féminine de Standford dans une entrevue avec Mic.com, cela démontre avant tout que « à quel point le cerveau est un organe si important en matière de fonction sexuelle » (traduction libre). 

Il reste donc beaucoup à faire pour lever le voile sur ces mystérieux orgasmes nocturnes. On espère que plusieurs chercheures et chercheurs se pencheront sur ce sujet. Ne serait-ce que pour enrayer un autre tabou face à la sexualité humaine. 

Photo de une : Valeria Boltneva

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